mercredi 12 août 2009

Toi mon toit

La Tour de gauche, au 21e étage

Enfin ! Après près de 3 semaines de recherche quotidienne, de galères en tout genre, de contretemps et de contrebasses, je suis enfin chez moi. Enfin chez moi. Chez nous plutôt. Rien de remplacera évidemment La Coloc mais cette nouvelle colocation vaut le coup je crois. Deux Français, un Allemand (je vous le donne en mille, blond aux yeux bleus avec la raie sur le côté) et un Colombien, histoire d’avoir un peu de couleur locale quand même. L’Allemand ne parlant quasiment pas espagnol, et le Colombien quasiment pas Anglais, la communication peut s’avérer difficile. Fort heureusement l’aguardiente (alcool local à base d’anis, plutôt pas terrible à mon goût) ne connaît pas de syntaxe trop complexe.

Si l’on met de côté cet aspect tour de Babel, je dois dire que je suis heureux. Pour la première fois depuis que je suis arrivé, je suis chez moi. Dans ma maison. Certes, le salon est pour l’instant rempli de 3 chaises de jardin, un téléphone qui ne marche pas, un jeu d’échec, un annuaire et un tam tam. Mais c’est mon salon. Je suis libre (dans la limite qu’autorise la pudeur allemande, française et colombienne) d’y danser nu sur de la musique de Patrick Sébastien. Et ça ça n’a pas de prix. Ceci dit, vous l’aurez compris, la chose n’a pas été aisée.

J’avais pensé dans un premier temps raconter en détail toutes nos péripéties pour obtenir cet appartement mais je me suis vite rendu compte qu’un article de blog de permettait pas de telles digressions. Ou plutôt qu’un article de blog qui voulait être lu n’était pas en droit d’imposer quinze pages à ses éventuels lecteurs. Du coup, je vais plutôt essayer de décrire la réalité du marché immobilier de Bogota pour tenter d’expliquer tous ces fâcheux contretemps, puisque entre le moment où j’ai repéré l’appartement et le moment où nous sommes physiquement entrés dedans, plus de deux semaines se sont écoulées.

D’abord il faut savoir que la majorité des locations se font par affinité, directement avec le propriétaire. Le locataire est recommandé par un ami ou une connaissance du propriétaire et le tour est joué. Rien d’anormal jusque-là. Seul problème : si le locataire est en étranger, il n’est pas censé connaître quelqu’un qui pourra le recommander. Mais l’étranger inspirant confiance du fait de son porte-monnaie bien garni, un arrangement se trouve généralement assez facilement par le paiement de mois d’avance ou d’argent déposé sur un compte bloqué. La chose se complique quand le propriétaire a décidé de passer par une agence immobilière.

Le propriétaire délègue donc la gestion de la location et de l’élaboration du bail à une agence immobilière, qui fait l’état des lieux de l’appartement et se charge de la communication, en échange d’une généreuse et spontanée contribution de la part du propriétaire. Mais l’agence immobilière ne pouvant évidemment tout faire toute seule va déléguer à son tour la gestion du risque à une compagnie d’assurance. Cette dernière (le 3e niveau donc) est chargée de trouver des locataires et de faire tendre le risque de non-paiement aux alentours de zero.

D’abord quiconque veut louer doit présenter trois garants, dont deux propriétaires. Facile. Joindre à cela un formulaire « mouse » (qui demande, entre autres, la marque et le modèle du véhicule, les coordonnées de 4 personnes de la famille et de 4 connaissances hors famille…), les extraits bancaires de chacun, le certificat de travail, et l’attestation de propriété pour les propriétaires. Pourquoi pas. Chose intéressante (et écrite nulle part), les 3 garants doivent nécessairement se connaître (ou écrire une lettre comme quoi ils se portent garants sans connaître les autres garants) sous peine de refus par la compagnie d’assurance de traiter le dossier. Ce dernier frein levé, et la patte de l’assureur graissée, le dossier peut être traité.

Entre alors en action un quatrième niveau : les avocats engagés par la compagnie d’assurance. Durant deux jours, ces derniers examinent tous les papiers afin de déterminer si le risque est vraiment égal à zéro ou si subsiste une parcelle d’incertitude dans le paiement du loyer qui entraînerait un refus de la part de l’assurance (sans remboursement évidemment). Si la réponse est positive, retour à la compagnie d’assurance (3e niveau), qui communique à l’agence immobilière (2e niveau) qu’il n’y a – vraiment - aucun risque.

L’agence immobilière peut alors élaborer le contrat. Ce service acquitté (rien n’est gratuit ici et tout est à la charge du locataire), il ne reste « plus » qu’à signer le contrat. Seulement en Colombie, « signer le contrat » signifie « signer le contrat physiquement devant une personne de l’agence » (je vous laisse imaginer le côté pratique de la chose quand un des garants habite Pasto, au Sud de la Colombie). Et une fois cette signature apposée, chaque signataire doit aller devant un notaire pour faire attester qu’il a bien pris connaissance du contrat. Sans commentaire.

Voilà un peu la chose. Deux semaines de stress pour un dénouement finalement heureux, mais qui aurait pu être bien différent sans l’aide précieuse de certaines personnes. Enfin bon, tout ça est maintenant oublié et je dois dire que le jeu en vaut la (fière) chandelle (du pied). Duplex. 135m2. A quelques blocs du centre. Quatre chambres. Trois salles de bain. Un salon équivalent au 60CC. La plaza de los toros en bas (voir photo). Et surtout au 21e étage avec une vue divine sur tout le Sud de la ville. La nuit c’est magique. Ca te fait tout mélancolique d’un coup.

Je m’arrête là. Mais cet article est aussi là pour dire que dans un appartement comme cela il est absolument impossible que je passe une mauvaise année. C’est dit. Et toute personne qui trouve cet article sur son chemin (si elle est brune, aux yeux verts et à gros seins c’est mieux mais sinon tant pis) est la bienvenue chez nous. A bon entendeur.

Alexis.

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