jeudi 27 août 2009

¿Y las niñas, que tal?

Shakira


Question fatidique. Inévitable. Élémentaire mais fondamentale. Amusée mais si sérieuse. En somme LA question. La question dont tu es le héros, que de toute façon même si tu le veux et bah tu pourras pas y échapper. Bref, la première phrase que n’importe quel mâle colombien adresse à un étranger, un sourire au coin et l’œil pétillant, quand ce n’est pas bavant, la bouche entrouverte.


Deux solutions s’offre alors au malheureux « franchute ». La première, la plus facile : le politiquement correct. « Ouch, súper lindas, me dueña la cabeza cuando camino en la calle marica (rien à voir avec le sens premier du mot, à comprendre ici comme un brave « mec », ou « man » placé à la fin de chaque phrase, et même au milieu si tu veux) ». Gros avantage : le type devient automatiquement ton pote et t’offre un coup à boire en se marrant « ah sagrado ! (ici cela ne veut absolument rien dire, c’est juste une traduction littérale car mon espagnol est encore trop faible pour traduire ça). Inconvénients : d’abord, après t’avoir offert une bière, le mec en question va commencer à te débiter des trucs plus ou moins salaces sur le sexe opposé (d’ailleurs plutôt plus que moins), auxquels tu devras acquiescer par divers « Claro », « Obvio » ou autres rires bien placés. Mais plus grave encore, la technique du politiquement correct a ceci d’embêtant que tu es en fait en train de mentir éhontément à un pauvre Colombien, certain que ses poulettes sont vraiment pas mal. Et mentir c’est mal.


Reste alors la deuxième solution, toujours plus difficile : dire la vérité. « Pues, mira, yo nunca salí de Bogotá pero aquí marica, no son tan bonitas, o sea, tú sabes, hay que buscar en serio para encontrar una niña hermosa huevón (variante de « marica ») ». Aïe. Mauvaise réponse. Généralement, la tronche du type se déconfit progressivement, la bouche se ferme, l’œil pétillant se fait menaçant. La réaction serait – toute proportion gardée – similaire à la tête d’un Français qui, après avoir demandé à un Américain ce qu’il pensait du fromage français, se serait vu répondre « well, it stinks dude ! (variante américaine, de « marica » et « huevón », plus connu en raison de cet excellent film) ». Ce courroux légitime passé, le Colombien étant plus tolérant que le Français sur son patrimoine national, le type finira quand même par te payer un coup et te raconter des trucs salaces sur le sexe opposé, parce qu’il n’y a rien qui le fait plus marrer.


Le résultat étant le même finalement, autant dire la vérité pourrait-on penser. Oui mais voilà, un affront comme cela ne se lave pas si facilement. Et même si le mec te paie des coups, il t’en paiera sûrement moins qu’a ton copain qui a bien répondu... Et ouais : faut pas gonfler un Colombien, quand y vous parle de ses minettes. C’est la morale de mon article, moi je la trouve chouette. Pas vous ? Ah bon.


Alexis



PS : Je m’en vais une dizaine de jours jouir du soleil de la côte Caraïbe. Sans doute pas d’article ici mais en revanche une intéressante perspective de comparaison pour voir si ce phénomène est cantonné à Bogota ou si c’est malheureusement un syndrome national (Barranquilla étant la ville de Shakira, tous les espoirs sont permis)

mardi 18 août 2009

Supporter expatrié


Ici il est 17 heures, donc 22h en France. Je m'installe tranquillement à l'ordinateur de mon bureau. Je n'ai qu'un idée en tête, aller voir le résultat de mon équipe favorite, le RCS. Pour cela direction eurosport.fr. Chaque fois, le même stress, la même envie de prendre connaissance d'une victoire du Racing. Malheureusement, depuis le début, les ciels et blancs broient du noir et la Krimmeri est plongée dans l'obscurité des périodes les plus sombres de son histoire. Pointant à la 17ème place de Ligue 2 avec un petit point au compteur et une élimination prématurée en Coupe de la Ligue contre Istres (6-1), mon équipe va mal.

Conscient que l'actualité de ce grand club n'intéresse que très peu les visiteurs de ce blog, je voulais plus faire sentir l'angoisse qui m'envahit chaque fois que ma souris fait clic sur l'onglet Ligue 2 de la page d'accueil d'eurosport. C'est toujours la même excitation, le même suspense. Pour le moment, ce suspense n'a toujours que laissé place à de la frustration voir de la tristesse, mais ainsi va la vie d'un supporter du RCS en exil à qui il manque les vibrations des tambours de Manolo(ça c'est pour les initiés), la passion des UB90 et la saveur d'une knack-frite amoureusement préparé par une charnue employée de Ritter Restauration.

Je retrouverai tout ça dans un an, et en Ligue 1, je l'epère:

En attendant, Allez Racing, parce que même distance, la passion demeure car "on peut changer de femme ou de religion mais pas d'équipe de foot" (Looking for Eric)

vendredi 14 août 2009

o paraíso do gordo

Bien j'aborde donc ici un sujet qui me tient à coeur: LA BOUFFE! Ce pays , fort loin des clichés et avant tout um pays de gros, spécialement , chez qui l'entretien de la barriga (= abdo kro) et une fierté , tout ici est fait pour les gros, je m'y sens donc bien, des sandwiches tels le x-tudo que d'aucun connaisse déjà mais dont la recette se résume à : steak, saucisse, bacon, oeuf, fromage, oignon, frites, bacon, salade , tomate, et une tonne de sauce. Ce sandwich a´`a´peine trouvé son maitre que déjà la rel`ve arrive avec le double X tudo que j'ai vaincu aussi en vue d'ffronter le King: le sandwiche tellement grros que si t'arrive a le finir il te donne 3000 real (1000euros), l'entrainement commence...



La biére a prix modique, les caju apporté directement sur la table, les jus avec un milliard d'ingrédient dedans que ca nourri ( petite pensée pour le yougoslave et ses deux oeufs introduits savamment au milieu des fruits...), le paradis que je vous dis, sans oublier le churrasco ( barbecue) institution dominical qui fait autant frémir mon foie que ma ridicule barriga...Le churrasco conciste en effet a un apport massif de viande et autres nourritures suffisantes pour venir à bout de n'importe quels famines.







tOUT CA SERAIT FORMIDABLE SANS UNE OMBRE SUR CE TABLEAU IDYLLIQUE, le sport. Cela fait froid dans le dos car il s'agit du sport officiel , le plus pratiqué et imposé d`s le plus jeune age qui répond au terrible nom de bus. Si , si , c'est yn sport , les bras primordiales dans cete exercice sont soumis au dures coups de volants répetés d'un chauffeur fort énervé sur une route fort cabossée au milieu de gens fort nombreux. En fait , c'est tellement un sport que c'est le seul coin du brésil ou il n'y a pas de gros (sauf moi).

mercredi 12 août 2009

Toi mon toit

La Tour de gauche, au 21e étage

Enfin ! Après près de 3 semaines de recherche quotidienne, de galères en tout genre, de contretemps et de contrebasses, je suis enfin chez moi. Enfin chez moi. Chez nous plutôt. Rien de remplacera évidemment La Coloc mais cette nouvelle colocation vaut le coup je crois. Deux Français, un Allemand (je vous le donne en mille, blond aux yeux bleus avec la raie sur le côté) et un Colombien, histoire d’avoir un peu de couleur locale quand même. L’Allemand ne parlant quasiment pas espagnol, et le Colombien quasiment pas Anglais, la communication peut s’avérer difficile. Fort heureusement l’aguardiente (alcool local à base d’anis, plutôt pas terrible à mon goût) ne connaît pas de syntaxe trop complexe.

Si l’on met de côté cet aspect tour de Babel, je dois dire que je suis heureux. Pour la première fois depuis que je suis arrivé, je suis chez moi. Dans ma maison. Certes, le salon est pour l’instant rempli de 3 chaises de jardin, un téléphone qui ne marche pas, un jeu d’échec, un annuaire et un tam tam. Mais c’est mon salon. Je suis libre (dans la limite qu’autorise la pudeur allemande, française et colombienne) d’y danser nu sur de la musique de Patrick Sébastien. Et ça ça n’a pas de prix. Ceci dit, vous l’aurez compris, la chose n’a pas été aisée.

J’avais pensé dans un premier temps raconter en détail toutes nos péripéties pour obtenir cet appartement mais je me suis vite rendu compte qu’un article de blog de permettait pas de telles digressions. Ou plutôt qu’un article de blog qui voulait être lu n’était pas en droit d’imposer quinze pages à ses éventuels lecteurs. Du coup, je vais plutôt essayer de décrire la réalité du marché immobilier de Bogota pour tenter d’expliquer tous ces fâcheux contretemps, puisque entre le moment où j’ai repéré l’appartement et le moment où nous sommes physiquement entrés dedans, plus de deux semaines se sont écoulées.

D’abord il faut savoir que la majorité des locations se font par affinité, directement avec le propriétaire. Le locataire est recommandé par un ami ou une connaissance du propriétaire et le tour est joué. Rien d’anormal jusque-là. Seul problème : si le locataire est en étranger, il n’est pas censé connaître quelqu’un qui pourra le recommander. Mais l’étranger inspirant confiance du fait de son porte-monnaie bien garni, un arrangement se trouve généralement assez facilement par le paiement de mois d’avance ou d’argent déposé sur un compte bloqué. La chose se complique quand le propriétaire a décidé de passer par une agence immobilière.

Le propriétaire délègue donc la gestion de la location et de l’élaboration du bail à une agence immobilière, qui fait l’état des lieux de l’appartement et se charge de la communication, en échange d’une généreuse et spontanée contribution de la part du propriétaire. Mais l’agence immobilière ne pouvant évidemment tout faire toute seule va déléguer à son tour la gestion du risque à une compagnie d’assurance. Cette dernière (le 3e niveau donc) est chargée de trouver des locataires et de faire tendre le risque de non-paiement aux alentours de zero.

D’abord quiconque veut louer doit présenter trois garants, dont deux propriétaires. Facile. Joindre à cela un formulaire « mouse » (qui demande, entre autres, la marque et le modèle du véhicule, les coordonnées de 4 personnes de la famille et de 4 connaissances hors famille…), les extraits bancaires de chacun, le certificat de travail, et l’attestation de propriété pour les propriétaires. Pourquoi pas. Chose intéressante (et écrite nulle part), les 3 garants doivent nécessairement se connaître (ou écrire une lettre comme quoi ils se portent garants sans connaître les autres garants) sous peine de refus par la compagnie d’assurance de traiter le dossier. Ce dernier frein levé, et la patte de l’assureur graissée, le dossier peut être traité.

Entre alors en action un quatrième niveau : les avocats engagés par la compagnie d’assurance. Durant deux jours, ces derniers examinent tous les papiers afin de déterminer si le risque est vraiment égal à zéro ou si subsiste une parcelle d’incertitude dans le paiement du loyer qui entraînerait un refus de la part de l’assurance (sans remboursement évidemment). Si la réponse est positive, retour à la compagnie d’assurance (3e niveau), qui communique à l’agence immobilière (2e niveau) qu’il n’y a – vraiment - aucun risque.

L’agence immobilière peut alors élaborer le contrat. Ce service acquitté (rien n’est gratuit ici et tout est à la charge du locataire), il ne reste « plus » qu’à signer le contrat. Seulement en Colombie, « signer le contrat » signifie « signer le contrat physiquement devant une personne de l’agence » (je vous laisse imaginer le côté pratique de la chose quand un des garants habite Pasto, au Sud de la Colombie). Et une fois cette signature apposée, chaque signataire doit aller devant un notaire pour faire attester qu’il a bien pris connaissance du contrat. Sans commentaire.

Voilà un peu la chose. Deux semaines de stress pour un dénouement finalement heureux, mais qui aurait pu être bien différent sans l’aide précieuse de certaines personnes. Enfin bon, tout ça est maintenant oublié et je dois dire que le jeu en vaut la (fière) chandelle (du pied). Duplex. 135m2. A quelques blocs du centre. Quatre chambres. Trois salles de bain. Un salon équivalent au 60CC. La plaza de los toros en bas (voir photo). Et surtout au 21e étage avec une vue divine sur tout le Sud de la ville. La nuit c’est magique. Ca te fait tout mélancolique d’un coup.

Je m’arrête là. Mais cet article est aussi là pour dire que dans un appartement comme cela il est absolument impossible que je passe une mauvaise année. C’est dit. Et toute personne qui trouve cet article sur son chemin (si elle est brune, aux yeux verts et à gros seins c’est mieux mais sinon tant pis) est la bienvenue chez nous. A bon entendeur.

Alexis.

La Nouvelle Zelande , un pays qui claque grave

La Nouvelle zélande est en ébullation. L'actualité s'impose. Ce pays vit en effet un grand changement. Une révolution. Non il ne s'agit pas d'une révolte maorie. Ni d'un coup d'Etat. Meme pas de crise économique ou de gouvernement irresponsable. Non , ce qui agite le pays est un grand référendum organisé en ce moment dans tout le pays par le gouvernement. La question ?

«Une fessée, en tant que partie d’une correction paternelle, doit-elle être considérée comme un délit ?»

La Nouvelle Zelande , un pays où il se passe décidemment plein de choses...

Maxwell

dimanche 9 août 2009

Tableau de chasse #1


La coloc sans ses conquêtes ne serait pas la coloc (ici , je salue la plupart de nos lectrices qui se reconnaissent dans cette affirmation).
Il n'y a pas de raison pour que cela change à l'étranger. Etant toujours à la recherche d'une voyageuse qui ferait un tour du monde pour réaliser un quatre à la suite , je propose de publier ici des comptes rendus de nos conquêtes locales.

Brigit et moi nous sommes rencontrés sur la plage. De fil en aiguille , des liens se sont tissés.
Après lui avoir récité du Beaudelaire , lui avoir fait gouter du Cotes du Rhone , et lui avoir fait tester le French Kiss , c'est évidemment pleine d'entrain que Brigit à succombé à mes charmes.
Maxwell , qui a défaut d'inspiration , c'est bien marré à chercher moche sur google image

jeudi 6 août 2009

O Piloto


[ Cela fait 10 jours que cet article est écrit mais Jean Aime n'a pas réussi le publier. Je me permetS donc de le faire , en ayant modifiÉ que 2 ou 3 fautes qui me sautaient aux yeux. Il est donc publié tel qu'écrit par le Gros. Maxwell ]


[Je ne résiste pas à l'envie de corriger 2 fautes affreuses faîtes par Maxwell dans son pourtant
court texte explicatif. Alexis.]

[ Je t'encule. Maxwell ]


Jeunes gens , étant seul à n'avoir rien écrit, je me sens obligé d'apporter ma pierre à l'édifice, que dis-je à la future merveille du monde littéraire que nous sommes en train de construire et ce même si je n'ai ni le talent incroyable de chailloux, l'humour dévastateur caractéristique d'une noblesse débridée ou la capacité à allier le travail, la fête...chacun connait le couplet mais il faut rappeler ce qui est. Donc je m'en va traiter de la conduite sur les sympathiques routes de ce charmant pays.


J'ai en effet été amener à prendre moultes fois la route dans diverses voitures et il en résulte que , eh bien oui avoir la tête à l'envers change le comportement des gens. Il faut tout d'abord composer avec charrettes et autres chevaux qui aposent sur l'asphalte fumant de bien belles bouses ( un autre sujet passionant à traiter pour C&C). Le feu rouge comme la ceinture peuvent être considérés comme d'amusants objets de décoration alors que le klaxon , trop délaissé dans nos pays de ploutocrates, et ici indispensable à une conduite saine par de petits coups secs et rapides qui sont autant de son composant une merveilleuse symphonie routière. La route en elle-même à des particularités intéressantes, on peut ainsi trouver sur une voie rapide un ralentisseur sur une ligne droite.


Doubler (et non pas le doublage comme j'allais l'écrire, qui pourrait faire l'objet de débat au vu de l'absence flagrante de coordination entre les mouvements des muscles de la bouche et le son), doubler donc, est l'activité principal du conducteur. Tous comme le pays est riche de son éclectisme et de sa diversité, chacun peut ainsi choisir sa façon de se livrer à cette exercice de la manière qu'il préfère: par la droite sans vergogne, dans les virages pour les peites joueurs, dans une montée sans visibilité pour les anciens ou bien encore à trois sur trois voies alors que deux sont dans le sens inverse...Il n'y a pas de limites à l'imagination, d'autant plus que l'on peut rajouter des variantes avec camions, et autres voitures de police... créant ainsi un joyeux tohu-bohu festif et avant tout participatif.


Voilà en gros ce qu'on peut dire la-dessus et je tiens à souligner que ce message est essentiellement un hommage rendu au grand pilote qu'est manu l'argentin,ainsi qu"à tous nos amis conducteurs, et non aux deux parasites sans permis qui reste néanmoins sympathiques et dont je tairais les noms infames.


J'ai failli oublier qu'une grande campagne de pub, équivalente à notre "celui qui conduit c'est celui qui ne boit pas", toutes pleines de bonnes volontés, reste pour moi voué à l'échec dans la mesure ou tout à côté des pompes à essences l'on trouve de superbes bouteilles de bières pour une somme modiques et accessible directement depuis la fenêtre du conducteur.

Formidable, une bise et voilà.

Jean M

lundi 3 août 2009

Madame Renée


Un sentiment bizarre. En bon premier de classe, j’ai toujours eu tendance à préparer ce que j’écris. À poser mes idées. À faire des plans. Grand un petit deux. Transition. Conclusion. Mais là non. Je rentre à l’instant du centre d’une non journée convaincante par son absence de toute activité constructive à l’exception d’une étude comparative poussée sur différentes bières nationales. J’avais prévu pour continuer dans cet état d’esprit d’allumer mon ordinateur pour regarder Casino Royal, tout juste loué à bibliothèque, autour de quelques autres bières. Profiter de ce grand appartement sans personne cette semaine pour mettre la Mano Negra à fond et balancer mes chaussettes sales n’importe où. Mais là non. Pas d’aventure extraordinaire je préfère prévenir tout de suite. Une aventure tout ce qui a de plus ordinaire au contraire. Et ce sentiment bizarre. Tant pis, je troque la Mano Negra pour Kenny Arkana et je garde mes chaussettes.

18h. Heure de pointe. Je marche sur la « septima », grande artère de Bogota rejoignant le Nord au Sud, pour rentrer chez moi, faire tranquillement l’adolescent libéré de l’autorité insupportable des gens qui m’hébergent (cf. supra, les chaussettes et tout). Au croisement avec la Calle 19, un type qui part en courant vers le Sud. Un attroupement au coin des deux rues. Une cinquantaine de personnes. Et puis les regards curieux des badauds qui s’agglutinent pour voir ce qui se passe. Six policiers. Le plus vieux a 30 ans. Le plus jeune 17. Un homme qui crie. Qui pleure même. Les policiers sont quatre à essayer de lui passer les menottes mais l’homme hurle se débat. Et la foule l’aide.

Personne ne sait bien pourquoi ce type est arrêté (on saura ensuite que c’était pour avoir acheté un joint à un type, celui qui est parti en courant je suppose) mais les coups pleuvent. Pas de coups au visage mais suffisamment pour mettre l’homme à terre. Un papa a son bébé de 3 ans sur les épaules. Le bébé se met à pleurer aussi. La foule désapprouve. On entend des cris « Hijos de pucha ! ». « Derechos Humanos ! ». « Filmele ! ». Des gens sortent leur portable pour garder des images. Qu’importe. L’homme est traîné jusque l’intérieur d’une boutique. Les gens suivent et la foule s’agrandit. Les cris se font plus fréquents. « Viva la libertad ! ». « Assesinos ! ». Les flics demandent au type d’enlever son tee shirt. Le type refuse mais les policiers « l’aident », tout en douceur évidemment. La tête plaquée contre une vitre, retenu par les flics.

Et à ce moment-là Madame Renée entre en scène. Vous savez Madame Renée de Chacun cherche son chat (Klapish). Une petite vieille comme beaucoup de petites vieilles. Celle qui descend tous les matins à 8h précise chez son boulanger. Celle qu’on bouscule dans le métro parisien parce que « elle pourrait aller plus vite quand même ». Celle à qui on répond à peine à son « Bonjour » dans les escaliers, convaincu qu’elle va nous faire perdre du temps en nous parlant des problèmes de son chat. Cette Madame Renée se faufile entre la foule et s’arrête en face d’un policier. J’avoue ne pas avoir tout compris de ce qu’elle a dit mais je crois pouvoir deviner qu’elle ne lui parlait pas de son chat. Sur ce, le flic la pousse légèrement mais Madame Renée insiste et continue à déverser sa prose animalière. Et là le policier, 20 ans grand maximum, la renvoie cette fois très brutalement « dans les cordes » de l’attroupement. Pas de KO fort heureusement mais une victoire assurée aux points.

À partir de là, je vous laisse imaginer la suite. La foule redouble de rage face à cette agression en pure et due forme d’une petite vieille. Les insultes fusent. Sans la décision salutaire d’escorter le pauvre fumeur de marijuana jusqu’au fourgon de police (décision prise par ce qui semblait être le chef de la troupe, celui de 30 ans), cette histoire aurait pu finir encore plus mal. Finalement, l’homme en question est « escorté » jusqu’à la voiture sous les cris des passants. « C’est un scandale ». « Ou vont mes impôts ? ». Un homme se démarque. Costard-Cravate mais pas la langue dans la poche. Il hurle aux flics. « Je me suis fait attaqué hier dans la rue mais évidemment il n’y avait personne, mais là pour un fumeur de joints il y a mobilisation générale ». Il se tourne ensuite vers la foule : « Retenez la plaque d’immatriculation, le numéro de patrouille, ce n’est pas normal de traiter les gens ainsi dans un pays démocratique ! » Cette précaution prise, (patrouille 17-0699, véhicule immatriculé DCM 576), la foule ne pourra pas empêcher l’homme d’être embarqué, toujours en pleurs, dans le fourgon de police.

18h15. Après quelques minutes où la tension est encore perceptible, la foule se disperse. Chacun rentre chez lui. Madame Renée rentre chez elle. Seul le fumeur de joint ne rentrera pas chez lui mais direction La Modelo. La grande prison de Bogota, qualifiée par El Mundo de « la plus dangereuse du monde », dont la seule évocation fait frémir les Bogotains. Il faut dire que cette prison est la seule où les paramilitaires, les narcos, les dealers, les guerilleros et les politiques corrompus ne sont pas séparés. Officiellement pour « réconcilier les ennemis d’antan » (!). Avec 4 morts par mois, on peut dire que c’est une réussite.

Quant à moi je reste avec ce sentiment bizarre. Choqué bien sûr. Mais aussi surpris. Et plutôt agréablement je dois dire. Sur le chemin jusqu’à chez moi, je me suis rendu compte que la foule avait réagi. Que les gens n’avaient pas passé leur chemin selon la règle du chacun pour soi. Très loin des Charognards de Renaud donc. Et en France ? Vous pensez que les gens se seraient arrêtés ? Que l’homme ordinaire (Monsieur Roux) aurait pris à parti aussi fermement les forces de l’ordre devant ce qui est un abus de pouvoir ? Peut être. Et si le fumeur de joint était jeune et arabe ? Moins sur…

Alexis