vendredi 27 novembre 2009

Nuestra Señora del Rosario


Je n’aime pas ma fac. Je n’aime pas ma fac. Je n’aime pas fac.


Voila. Comme ça ça va déjà un peu mieux. Ca fait un petit bout de temps que je voulais écrire cet article mais bon pas le temps, trop de musées, de théâtres et de littérature sans doute. Et puis j’avais envie de changer d’avis. Si si. Chaque mois je me disais : « Mais non, c’est juste une première impression, c’est comme partout il y a des gens bien, il suffit de chercher un peu ». Oui mais non. Au bout d’un semestre de recherche éperdue, les personnes intéressantes ou sympas ou drôles ou juste mignonnes se font toujours aussi rares. Oui mais voila maintenant je m’en fous parce que je me casse, pour aller rejoindre d’autres cons mais des cons marrants. Deux mois sans passer dans le cloître de la fac. Joie. Pourquoi tant de haine ? « Parce que je ne céderai jamais devant la barbarie ! »

Avant toute chose, il faut savoir que Nuestra Señora del Rosario est une université laïque. C’est le monsieur très important qui nous l’a dit pendant la journée d’inauguration donc c’est sûrement vrai. Alors oui, elle a été créée par l’archevêque Frey Cristóbal de Torres, oui ca se voit un peu, oui il y a quelques croix de ci de la. Mais rien de bien grave. Ah oui, il y a aussi une fac de théologie, avec des cours aussi attirants (je cite de mémoire) que : « Découverte de soi par le catholicisme » ou « L’actualité des 10 commandements ». Et attention. Aux mauvaises langues qui verraient un favoritisme en faveur de la religion catholique je me dois de signaler qu’il existe un cours sur l’islam. Ca s’appelle « Islam et fondamentalisme ». Oui bon d’accord mais c’est pas entièrement faux non plus. Le 11 septembre, c’étaient pas des chrétiens que je sache. Et puis il faut se rappeler que laïc signifie que l’on tolère toutes les religions. Sûrement pas que l’on est athée. Donc finalement, quand mon équipe de foot de la fac décide de s’appeler « La Cathédrale », elle ne va aucunement à l’encontre du principe de laïcité qui régit l’université. Elle aurait tout â fait pu s’appeler « La Mosquée ». C’était juste un choix esthétique. Parce que ca rimait plus avec « balle » sans doute.

Et puis les gens. Aïe, les gens. Parce qu’on pourrait se dire « d’accord, ils sont cathos, un peu grave sur les bords mais le catholicisme c’est aussi la charité, l’amour du prochain et tout et tout ». Oui mais toujours non. En fait les gens ici sont dans leur grande majorité d’une puanteur assez élevée, université privée oblige. Jouissant d’une maturité à toute épreuve du haut de leurs 16 ou 17 ans, âge d’entrée à l’université ici, les étudiants du Rosario n’hésitent jamais à donner leur avis sur un sujet. Je crois qu’Eva et moi resterons longtemps marqués par ce délicieux premier (et dernier) cours de « Formation de la Nation Colombienne ». Après quelques digressions sur les Allemands (« un peuple obéissant ») et les Français (« qui soutiennent les FARC »), le professeur embraye naturellement sur Chavez pour dire tout le bien qu’il pense de lui, avant de donner la parole aux élèves. Florilèges de « mon papa m’a dit que Hugo Chavez blabla » avant qu’un étudiant, se sentant sans doute un peu trop muet, ne place un joli « mon papa m’a dit que Hugo Chavez est un dictateur parce qu’il donnait du travail aux pauvres ». Rires chez les deux Français au fond. Approbation généralisée de la salle. Acquiescement discret mais ferme du professeur. La messe est dite : les grenouilles iront coasser ailleurs.

Le problème en fait c’est pas uniquement que les étudiants soient pleins aux as et aient des idées de merde : je n’ai jamais refusé un apéro avec Thomas ou Timothée. Le vrai problème c’est qu’ils sont tous pareils. Ils pensent pareil, ils s’habillent pareil, ils sortent aux mêmes endroits… Le plus marquant c’est chez les filles. Modèle unique : petite, brune, cheveux lisses, grosses boucles d’oreille ronde pas belles, jean moulant, bottines ou ballerines. Point à la ligne. Et surtout ne pas sortir du moule, ca pourrait être joli. Petite anecdote a ce sujet. Tout a l´heure en cours d’histoire, une nana rentre dans la salle avant le début du partiel et me fait un grand sourire. Bien que ne l’ayant pas reconnu sur le coup, toujours poli, je lui rends ce sourire, l’agrémentant même d’un petit signe de main. La fille me regarde alors un peu bizarrement et je me rends compte qu’en fait elle s’adressait au type juste devant moi. Toujours prompt (ma femme me le dit souvent), je tente le classique « Ah cette mèche est vraiment redoutable » en me passant la main dans les cheveux, sans forcément avoir l’air très convainquant. Mais qu’importe puisqu'ensuite j'ai ri (et j'aime rire). Et puis j’ai décidé d’écrire cet article, donc tout va bien.

J’ai bien essayé de trouver des points positifs à la fac, mais c’est pas facile. A part peut être les DVD de la bibliothèque et quelques cours bien sympatoches, j’ai vraiment du mal. Donc en fait, je passe mes 10h hebdomadaires à la fac et puis c’est tout.

Mais que voulez vous, il semblerait bien que la jeunesse dorée de Bogotá ne brille pas par ses lumières...

1 commentaire:

  1. Chers camarades,

    Je tiens à vous manifester mon soutien tant pour la Nouvelle-Zélande où l'on doit se faire passablement chier que pour les fils à papa de Bogota (notez la rime). Tout cela pour dire que je vous ai mis en lien sur mon blog et que l'université "laïque" en Colombie tout comme en Belgique relève de la blague.

    A bas les calotins, les camemberts et les autres !

    BLV

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