lundi 9 novembre 2009

El Alto Madrazo



Il était une fois, à la frontière entre les départements colombiens de Caldas et Risalda, une région montagneuse nommée Alto Madrazo. Ce nom n’apparaît malheureusement sur aucune carte car il a été donné par les habitants des deux départements frontaliers suite à une coutume des plus cocasses, que je ne peux m’empêcher de vous conter.

Manizales est la capitale du bien triste département de Caldas. À l’exception du fameux « Ron de Caldas », d’un café non moins sympathique et de paysages à couper le souffle, les habitants de la région n’offrent que peu d’intérêt. Conservateurs, traditionnels devant l’éternel, catholiques illuminés évidemment et, je vous le donne en mille, uribistes convaincus et militants. Petite anecdote pour situer ce portrait caricatural mais pas tant que ça : il y a une semaine, le maire de Manizales a interdit le concert de Calle 13, groupe colombien très populaire, en raison de ce tee-shirt, qui mettait en avant les liens avérés entre paramilitaires et Uribe.

Les habitants du Risalda sont d’un genre assez différent. S’ils ne sont pas en soi beaucoup moins catholiques, ni forcément beaucoup moins uribistes non plus, ces derniers ont l’avantage, selon leurs dires, d’être beaucoup moins hypocrites que ceux du Caldas, et de profiter de la vie comme elle vient, oubliant la religion quand celle-ci devient prohibitive. Des mecs à la cool en quelque sorte. Ainsi, si Manizales a été surnommé la « ville des portes ouvertes », en raison de la prétendue hospitalité de ses membres, Pereira (capitale du Risalda) est surnommée la « ville des jambes ouvertes », réputation que les habitantes de Pereira traînent dans toute la Colombie.

Evidemment, ces populations de deux petits départements limitrophes (autrefois un seul et même département, parenthèse culture fermée) ne sont naturellement pas faites pour s’entendre. Et l’universelle rivalité régionale n’arrange pas la chose. Aussi, afin d’assouvir ces saines tensions en l’absence de derby footballistique, ces deux peuples fiers se donnaient rendez vous tous les week-end dans la fameuse région de l’Alto Madrazo pour exulter et crier au monde entier ce qu’ils pensaient de ceux d’en face, et, quand la situation le permettait, se farcir un cul béni ou un cul biné, selon le camp.

C’est de ces joutes verbales hebdomadaires que vient le nom de la région. Ce surnom de Madrazo (de « madre ») a en effet été donné à la région en raison des mots doux échangés à propos des pauvres mères des participants des deux camps. Quant à l’adjectif Alto, deux théories s’affrontent. Selon la première, ce ne serait que la conséquence de la topographie de la région. Selon la seconde, ce serait plutôt la haute volée des insultes échangées qui justifierait ce nom. Le débat reste ouvert.

Demain nous parlerons de l’origine du nom de la ville de Medellin (prononcer « Mets des jeans »).

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