vendredi 4 décembre 2009

Man vs. Wild II



Changement de décor par rapport au premier épisode, on quitte l'hostilité des montagnes néo-zélandaises pour l'enfer des marécages correntinos. Les boas ont remplacé les moutons et les moustiques infestés par la dengue les mouches. Au niveau du climat, la froideur de l'hiver austral a laissé sa place à la chaleur moite de l'été norestero. La mission n'en est pas moins dangereuse, bien au contraire, et les cadavres de bovins ne manquent pas de rappeler que rester bloqué dans un tel endroit sans eau ni nourriture mettrait rapidement quelque personne que ce soit en danger de mort. L'objectif est simple, rejoindre la maison de producteurs malgré une piste coupée par les inondations. La première rencontre n'inspire pas la confiance, un boa de 3 bons mètres se trouvent en travers du chemin. Certes sans venin, cet imposant reptile n'en reste pas moins une machine à tuer. En effet, à l'inverse de ces cousins vénéneux qui n'utilisent leur arme fatal que pour se défendre, le constrictor, lui, peut attaquer l'homme en tentant de l'étouffant. Cependant, un peu de vigilance, un bon couteau et le savoir-faire du vétérinaire qui m'accompagnait ont vite raison de ces velléités, à condition bien entendu que la taille de l'animal reste raisonnable. Finalement, celui rencontré n'avait pas d'intentions agressives et un simple coup sur la partie postérieure de son corps le fit rapidement partir. La « randonnée » put ainsi continuer son cours. Mais, l'eau de plus en plus omniprésente nous obligeait bientôt à déchausser. Nous étions désormais pieds nus, marchant dans une sorte de bourbiers infestés par toute sorte d'insectes. Suivant les conseils de notre maître à penser à tous Bear Grylls, je me munissais d'un bâton pour effrayer les éventuels serpents, vénéneux cette fois-ci, qui pourrait se nicher au détour d'un cactus ou d'un chardon. Les pieds vite ouverts par les épines des différentes plantes présentes dans cet environnement hostile, nous continuions notre marche malgré les 40 degrés et le soleil lançant sur nos vulnérables organismes ses perforants rayons.
Après une longue marche nous sommes finalement arrivés à destination, la maison des producteurs que nous devions rencontrer et ce fut certainement le moment le plus désagréable de la journée. Car si on peut s'amuser d'une randonnée dans la nature argentine, il en est tout autre d'une bien triste situation. Face à nous, un petit groupe de maisons et plusieurs familles vivant dans une frappante précarité. Ce petit hameau se constituait d'habitats en chaume et toit de paille, une seule pièce pour toute la famille et pour seule source d'eau un puits procurant une eau de bien mauvaise qualité. Si la situation des enfants est souvent celle qui touche le plus, j'ai cette fois été particulièrement ému par la maigreur de toute la famille. Assurément, ces gens ne mangeaient pas à leur faim ; d'ailleurs comment le pourrait-il après que leur récolte amoindrie par deux années de sécheresse ait été presque intégralement emportée par de récentes inondations? Sans m'éterniser sur la question et de peur de tomber dans le cliché du pauvre qui a la main sur le coeur, je dois bien dire que j'ai été fortement marqué par la gentillesse et la chaleur de l'accueil qui nous avait été réservé, probablement dues au fait que les visites sont rares dans cet endroit abandonné de (presque) tous. Après quelques matés et d'enrichissants échanges, nous sommes repartis escortés par un gamin qui nous indiquait un chemin un peu plus praticables pour revenir à notre camionnette. Deux sachets d'oignons pour seul remerciement, nous abandonnions à notre tour notre jeune guide.
Pour rentrer jusqu'à la ville, il nous restait une bonne heure de route, la journée se terminait et le temps de se détendre était arrivé. Une Brahma presque glacée permettait de rafraîchir un corps épuisé par tant d’aventures.

Manu

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