La scène se déroule à Carthagène, dimanche 6 septembre. Comme tout amateur de foot le sait, les qualifications pour la coupe du monde 2010 battent de leur plein sur le continent sud-américain. Le principe est simple : une grande poule de 10 équipes, matchs allez retours. Les 4 premiers sont qualifiés directement, le 5e doit passer un barrage contre le 4e de la zone CONCACAF (Amérique du Nord). Quant aux autres, ils passent la coupe du monde dans leur canapé, ce qui est bien aussi mais pas top. Or il se trouve que ce dimanche 6 septembre était un jour de match. Mieux, jour de derby : Colombie - Equateur. Et anté-antépénultième journée par-dessus le marché ! C’est vous dire l’enjeu.
La décision fut prise assez rapidement. Notre conscience rassurée par une longue journée (qui aurait pu être) dédiée à musées et autres excursions architecturales, nous nous sommes donc accordés une brève, mais méritée, pause sur les coups de 15h30, heure locale des matchs de foot. Un rapide tour de Carthagène des Indes et le lieu idéal est trouvé : Donde Fidel (aucun lien, je suis fils unique). Petit bar populaire du centre ville réputé par-delà les murailles de la ville pour ses concerts de salsa, l’endroit semble propice à une découverte de la chaleureuse culture colombienne. Pourtant, quelle ne fut pas notre surprise à l’entrée du bar.
En effet, ce n’était pas un écran (haute définition, 98 pouces, 148 000 pixels, son stéréo Dolby Digital Surround 5.1) mais bien deux écrans (haute définition, 98’, etc…) qui nous attendaient à l’intérieur. Une façon d’apprécier encore mieux le match me direz-vous. Que nenni ! En réalité, il s’agissait d’un écran effectivement destiné au match, et d’un autre qui passait des concerts de salsa, permettant ainsi de réunir autour d’une même bière des publics que l’on pourrait croire – à tord d’ailleurs – éloignés. Mais le mieux reste à venir.
Pour éviter une cacophonie des plus désagréables (quiconque a déjà suivi un match de foot en Amérique Latine à la télé sait de quoi je parle), le patron du bar, Fidel (toujours aucun lien), amoureux de salsa s’il en est, avait décidé de favoriser la musique au sport, réduisant ainsi au silence les commentateurs enfiévrés. « Une grosse tarlouze » argueront certains, non sans raison. Une grosse tarlouze à n’en pas douter mais, rendons à Fidel ce qui est à Fidel (non, non, aucun lien), un résultat des plus intéressants.
D’abord, cette solution osée permet de passer sous silence un des fléaux du football télévisé colombien : le spot publicitaire. Si en France, nous sommes accoutumés à quelques rares inscriptions commerciales sur le terrain, les vêtements des joueurs, dans les tribunes, à la mi-temps et j’en passe (une broutille finalement), la chose prend une dimension encore plus grande en Colombie. Toutes les deux minutes (en moyenne), une véritable pub de 30 secondes (en moyenne) apparaît sur une moitié de l’écran (en moyenne), coupant ainsi la parole à nos commentateurs ; tradition qui a une capacité emmerdogène extrêmement forte malgré quelques bijoux (« deux minutes d’un côté » apparaît à gauche de l’écran, puis « deux minutes de l’autre côté » à droite, avant, sur les deux côtés, « le steak X, la saveur de la passion »).
Mais surtout, la musique permet de danser quand, disons-le poliment, l’intensité du match descend. En effet, loin de moi l’intention de dénigrer le football, et colombien, et équatorien, mais je dois avouer qu’il m’est déjà arrivé de voir des matchs plus engagés. L’Equateur est je dois le dire, sur cette partie en tout cas, mauvais à peu près partout. Quant à la Colombie, si elle s’achetait un goal une défense et des attaquants qui savent gagner des duels, elle pourrait être à peu près convenable.
Au final donc, une nouvelle expérience des plus originales (j’attends avec impatience de savoir si le foot-samba ou le foot-tango se pratiquent dans d’autres contrées), que j’aurais adoré partager avec vous si mon collègue n’avait pas effacé la vidéo prise au moment du deuxième but Colombien. Des inconvénients de ne pas avoir d’appareil photo à soi…
Goutte d’eau qui fait déborder le gâteau, la Colombie a réussi à s’imposer au bout du suspense (2-0, buts à la 82e et 90e+4), se propulsant même l’espace de 3 jours à la 5e place (qualificative pour les barrages si vous avez suivi). La victoire volée 3-1 de l’Uruguay le mercredi suivant (4 hors-jeux imaginaires sifflés, qui aboutissaient soit sur des duels, soit sur des buts ; et un carton rouge pour avoir failli touché un joueur) en décidera cependant autrement, reléguant la Colombie à la 8e place, et calmant l’ardeur populaire née d’une possible qualification (la dernière date de France 98, grande époque de la Colombie, alors menée par le légendaire « Pibe »). En attendant que le match contre le Chili samedi 10 octobre soulève (peut-être) les foules à nouveau.
Alexis
Pour répondre a tes interrogations je dirais qu ici c est plutot foot-asado, moins original. J ai moi meme une question, est ce que quand tu evoque le Pibe tu parle du legendaire et non moins festif Valderama?
RépondreSupprimerManu je suis terriblement déçu. Je me refuse à répondre à ta question.
RépondreSupprimerMoi qui croyais ta culture footballistique était sans faille. A moins que cette dernière, toujours fidèle, ne suive les résultats de (au choix) ton pays ou ton club. Pan.
Salop! C'est trop facile de se moquer du RCS en ce moment. Quant a la selección, je compte comme beaucoup d'Argentins sur le retour de Martin Palermo a la pointe de l'Albiceleste pour le match contre le Perú de samedi. Notons au passage que le grand Martin a des chances de rentrer dans le Guiness (personnellement je prefererais rentrer dans une guiness) pour un cabezazo de plus de 30 mètres inscrit le we dernier en championnat.
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