La Colombie est un pays plein de surprises. Certaines bonnes (voir article précédent). D’autres beaucoup moins. Je veux parler ici de la « ley seca », que j’ai découvert à l’insu de mon plein gré le week end passé.
Comme son nom l’indique, la « ley seca » est une loi. Soit, et je cite ici le dictionnaire juridique, « une disposition normative et abstraite posant une règle juridique d'application obligatoire ». D’application obligatoire c’est certain. Mais abstraite mon cul oui ! On ne peut plus concrète plutôt (enfin « crète » …)
Comme son nom l’indique aussi, la « ley seca » est également une loi sèche. Une loi triste. Une loi liberticide. Mais surtout une loi stupide. Dieu m’est témoin - que son nom soit loué, sur terre et sur mer, hymen -, une vie sans liquide est comme un sandwich sans mayonnaise : fade. Comment Noé aurait-il pu sauver le règne animal sans orage ? Comment Moïse aurait-il pu ouvrir la mer Rouge sans mer Rouge ? Je vous le demande !
Dès lors pourquoi faire une loi sèche ? Pourquoi faire une loi qui empêche tout colombien d’acheter de l’alcool du samedi 18h au lundi 6h lorsque le dimanche est jour d’élection ? Pour les inciter à voter ? Sûrement pas puisque l’abstention a atteint 94% dimanche (d’accord c’étaient des primaires, d’accord c’étaient uniquement les primaires des grands partis d’opposition, mais quand même). Pour les faire voter mieux alors moins ? Encore moins quand on sait la merde qui sort des urnes depuis 1986 (mise en œuvre de la loi).
Non vraiment je ne comprends pas. Pour moi une élection a toujours été quelque chose de très intime, de personnel. C’est un peu comme un premier rendez-vous avec une charmante. Ce sont des moments rares. On s’habille bien. On angoisse un peu. On ne sait pas toujours comment agir, qu’est ce qu’il faut dire, qu’est qu’il ne faut pas. Qu’est ce qui sera le mieux. Et puis il y a un moment où l’on n’a plus le choix. Quand je rentre dans l’isoloir, quand je ferme les rideaux derrière moi, c’est un peu comme quand je ferme la porte de ma chambre. Désormais je suis tout seul avec elle. Je n’ai plus de marge de manœuvre, plus le temps de penser, il faut agir. Mais tout seul c’est difficile. Alors quand j’enfile mon (gros) bulletin dans sa fente, j’aime bien que ce ne soit pas à sec.
Ceci dit, et pour finir sur une image plus fraîche (hum), cette loi zinique nous a quand même encouragé à sortir de Bogotá ce week end pour découvrir la campagne colombienne la conscience tranquille. Et en plus c’était sympa. On a mangé de la viande excellente, on a dormi dans l’herbe, on a fait l’amour avec les chevaux… Et ouais, la « ley seca » dès fois « secool » quand même.
Alexis