samedi 1 mai 2010

Argentina te amo!



Grand romantique devant l'éternel, je profite de l'espace qui m'est offert par ce blog pour faire une déclaration d'amour. Que mes nombreuses admiratrices et autres courtisanes (verveine-menthe(pardon...)) se rassurent, je n'ai pas trouvé l'âme soeur. En fait, c'est de l'Argentine que je suis tombé amoureux. Cette belle histoire de coeur a commencé à Goya, théâtre du fameux coup de foudre, puis s'est poursuivie et concrétisée lors de mon long voyage à travers le pays.
Un peu comme pour une femme, la première chose que l'on regarde c'est quand même le corps. Et sur ce point l'Argentine est belle. Grande et longiligne (sans tomber dans l'anorexie du Chili ou l'obésité du Brésil) l'Argentine a été touchée par la grâce. Ses courbes sont majestueuses à commencer par l'étourdissante Cordillère des Andes. On peut également évoquer la beauté de ses terres Australes. Une fois entrée en Patagonie et jusqu'à la frissonnante arrivée dans la baie d'Ushuaia, les surprises sont nombreuses. Entre vastes étendues de steppe, glaciers et petits villages nichés au coeur de montagnes dont les sommets nappés de neiges éternelles nous rappellent que le pôle Sud est plus proche que Buenos Aires ; le spectacle est permanent. Buenos Aires, justement, parlons-en. Bien qu'un point sur une carte, la capitale argentine n'est pas innocente dans mon amour pour le pays. Son ambiance unique, ses multiples quartiers où il fait toujours bon siroter un café, ses folles nuits, ses atouts sont innombrables.
Après pour tomber amoureux il faut aussi aimer l'autre mais en tant que personne. C'est la beauté intérieure. Sur ce point il n'y a pas de doutes à avoir et nombreux sont ceux qui s'accordent à dire que ce que l'Argentine a de plus beau ce sont ses habitants. Tout d'abord, ses femmes sont les plus belles du monde (de mémoire de touriste sexuel) et ce n'est pas un Marc en fraîche provenance de Nouvelle-Zélande qui pourra me contredire. Outre cette caractéristique, quand même relativement importante, j'ai été rapidement frappé par l'art de vivre argentin. Il est certain que les Argentins aiment et savent bien vivre, et les exemples sont nombreux. A ce propos on pense forcément au bonheur procuré par la dégustation d'un asado, rituel festif et arrosé sur lequel je ne reviendrai pas, ayant déjà consacré un article à ce propos. Autre symbole de la douceur de vivre argentine, le cérémonial du maté, cette infusion de plante qui passe magiquement de main en main et que l'on sirote à toute heure de la journée. Alors qu'en France beaucoup commencent leur journée de travail la tête pleine de soucis, en Argentine les longs moments passés à partager la bombilla (paille de fer qui permet de boire le maté) sont autant d'espaces privilégiés pour échanger sur la vie et ses préoccupations, c'est sûr, l'eau bouillante de la thermos réchauffe aussi les coeurs. D'ailleurs, le fait de faire passer la boisson a probablement plus de sens que la déjà noble valeur du partage.
Enfin, pour être amoureux il faut avoir des passions en commun. C'est le cas du fútbol (et non football). J'adore l'engouement et la liesse qui entoure ce sport en Argentine. Pour commencer, les Argentins sont fous de leur équipe qu'ils aiment pour beaucoup plus que leur femme, en témoignent les nombreux écussons tatoués sur les coeurs. En plus, ce sont de très grands connaisseurs bien plus que le footix de base que l'on peut trouver en France et qui a rarement un sens tactique très développé, peut-être parce qu'ici les émissions d'analyse footballistique durent toute la journée, rien à voir avec les pauvres reportages proposés par Canalfootballclub ou ce que l'on pouvait trouver dans (feu)Téléfoot. Mais le foot reste un jeu et c'est certainement pour ça que l'Argentine est si différente. Improvisé sur un terrain vague, organisé sur un grand terrain ou pratiqué sur une cancha de 5 contre 5, on joue au quotidien. Pas question alors de venir pour une partie de bille, entre Tikitiki (stéréotype du foot sud américain fait de multiples petites passes, nombreux dribbles et trucages en tout genre, demander à Riquelme) et semelles sur la cheville l'intensité est omniprésente et la bière d'après-match d'autant plus rafraichissante.
Bref, vous l'aurez compris, de la moiteur d'Iguazu à la glaceur d'Ushuaia, de la fièvre portena à la tranquillité goyana, je me sens bien dans ce pays que j'aime.
Argentina te amo!

Allez les Bleus! Allez Racing!


Grand amoureux du ballon et petit frère modèle, j'avais décidé de faire découvrir la fiévreuse ambiance d'un stade argentin à ma soeur Selyn de passage à Buenos Aires. Premièrement il fallait trouver un stade. Boca jouant à l'extérieur, je décidai de l'emmener au stade Juan Domingo Peron où officie le Racing de Avellaneda. Bleu ciel et blanc comme le club de mon coeur, il fait aussi partie de 5 grandes du football argentin avec Boca, River, Independiente et San Lorenzo et affrontait ce soir là les Argentinos Juniors. Surtout sa banda brava (groupe de supporters) est parmi les plus chaudes d'Argentine. Pour ne pas subir la même désillusion qu'avec Alexis et Marc et ne pas obtenir les précieux sésames pour pénétrer dans les travées de ce vieux stade poussiéreux et tremblant, nous avions acheté les entrées dans l'après-midi. 1H30 avant le début de la partie, nous pénétrions dans l'enceinte encore peu garnie et nous prenions place en plein coeur du kop. Très vite, un supporter plus imbibé de Fernet-Coca que ma barbe après une soirée à Goya nous prit d'affection en nous expliquant que nous étions dans le meilleur stade du monde et qu'ici c'était lui le chef et que si quelqu'un nous embêtait on devait l'alerter au plus vite car il serait là pour nous protéger. Fort rassurés par la présence de ce garde du corps de compétition, nous laissions ensuite monter la ferveur de l'avant-match, occupé surtout à prendre des photos et à regarder une confrontation d'une mi-temps entre les équipes réserves des deux protagonistes du soir.
Puis vain l'arrivée massive des supporter locaux, la température prenait plusieurs degrés et notre espace vital se réduisait à quelques centimètres carrés. Notre garde du corps commençait à me souffler son haleine éthylisée et mon taux d'alcool dans le sang prenait 0,1 gramme à chaque chant. Enfin, le moment tant attendu arriva, les pensionnaires de l'Academia entrèrent sur la cancha dans un chahut assourdissant mêlant chants, tiffos, lancés de rouleaux de PQ, fumigènes bleus et blancs et tir de confettis à l'aide de canons placés sur le bord du terrain reléguant les supporters de l'OM à l'ambiance de la tribune présidentiel (j'aime pourtant beaucoup l'OM et ses supporters) et les Bad Gones à un kop de curling (ceux-là je les aime pas par contre). Je n'avais jamais vu ça et je ne pus retenir les frissons face à tant de ferveur.
La suite fut moins agitée en raison de la piètre performance proposée par les 22 acteurs, 0-0 à la mi-temps. Les chants autant des encouragements pour le Racing que des insultes proférés à l'égard d'Independiente (le rival historique) rythmèrent toutefois les 45 premières minutes de la partie, parmi les hits du soir « Cueste lo que cueste, esta noche tenemos que ganar, ponga, ponga huevo, huevo la Academia! »
La deuxième mi-temps vit l'ouverture du score par les visiteurs déclenchant un vent de colère incroyable de la part des supporters du Racing et les insultes à l'égard des joueurs commencèrent à descendre des gradins, notamment de la barra brava visiblement furieuse du manque d'amour affiché par les joueurs pour leur camiseta. Il est vrai que les Ciels et Blancs semblaient avoir oublié leur grinta au vestiaire. « Hijo de mierda, yo hago 2 horas de tren cada semana para verles jugar, ponga huevo putos de mierda! » criait notre garde du corps qui virait peu à peu au violet. La déception et la colère grandissaient encore un peu plus lorsque le 9 local tirait un pénalty de poussin à quelques minutes de la fin, ratant scandaleusement l'égalisation. Le coup de sifflet final retentissait, le Racing de Avellaneda était désormais relégable. Triste, notre garde du corps me proposait d'aller aux putes, je refusais poliment.
Le retour fut long. Il fallait d'abord attendre 30 minutes que les supporters adverses quittent et s'éloignent du stade pour éviter les affrontements puis trouver un bus. On terminait la soirée dans une parilla de San Telmo, en sirotant un bon rouge argentin concluant une expérience quand même riche en émotion et prouvant une fois de plus que fútbol n'est pas football.
Manu